Noita : la physique, c’est chic

Retour aux jeux vidéo cette semaine. Si depuis sa sortie, je joue au dernier opus de la série Paper Mario sur Switch et qu’il y a pas mal de choses à dire à son sujet, je n’y suis actuellement pas assez avancé pour vous en proposer un article. Plus tard, probablement. En revanche, il y a quelques semaines, je me suis procuré mon second rogue-like en accès anticipé, après Hades que j’avais déjà présenté ici. Cette fois-ci, j’ai été intrigué par l’énigmatique Noita, conçu par le studio indépendant Nolla Games et disponible sur Steam. Si le premier titre misait grandement sur sa narration, ce nouveau venu a décidé de tout miser sur la simulation de sa physique, comme nous allons voir le voir.

Noita est un titre assez lapidaire. Aucune introduction ni mise en scène. Au démarrage d’une partie, nous voici au sommet d’une montagne que nous allons pénétrer, afin de nous enfoncer de plus en plus profondément dans ses environnements. Nous trouvons seulement quelques inscriptions nous présentant les principales commandes du jeu avant d’entamer notre périple, avant d’être lâché dans l’inconnu. Tout juste savons-nous que nous incarnons une sorcière (noita, en finnois), dont les armes seront les nombreux sorts et baguettes qu’il/elle trouvera au fil de son parcours.
Celles-ci se révèlent vite d’une importance capitale, puisqu’elles détermineront très largement les capacités dont nous disposerons. À chaque nouvelle partie, nous débuterons uniquement équipé d’une baguette basique, lançant quelques traits magiques, de faible puissance mais faciles d’utilisation et dotés d’une confortable portée. Plus tard, il est possible de porter jusqu’à quatre armes à la fois. Chaque baguette possède ses propres statistiques, que ce soit leur quantité de mana, leur temps de rechargement ou bien leur nombre d’emplacements de sort. Un monde de possibilité s’ouvre alors à nous. Car, que ce soit en trouvant de nouvelles baguettes au détour des grottes, ou bien en passant par la boutique présente entre chaque niveau, on comprend vite que les développeurs ont mis à notre disposition un nombre plus que conséquent de sorts à découvrir et combiner. Nous voici littéralement apprentis sorciers !
Il existe trois catégories de sort : les actifs, ceux avec un nombre d’utilisations limité se rechargeant à chaque passage de monde, et enfin les sorts de support. Ces derniers, utilisés seuls, ne servent à rien. En revanche, combinés à des sorts actifs, ils altèreront leur fonctionnement. Vous pourrez par exemple dédoubler une attaque au détriment d’une perte de puissance des projectiles, voire modifier sa nature. Un tir peut par exemple se voir adjoindre un effet empoisonné ou enflammé.

Voici l’occasion toute trouvée de vous parler du point fort de Noita : son moteur physique. Derrière un pixel art pouvant paraître rudimentaire sur de simples captures d’écran se cache un univers où chaque pixel possède ses caractéristiques propres qui entreront en interaction avec celles des autres éléments du jeu. Bien évidemment, nos actions vont largement influencer l’ensemble. Les décors qui vous entourent sont ainsi très concrètement constitués de bois, de roche solide, de sable, de poudre à canon, de glace, etc. Jetez du feu sur de la roche, rien ne se passera. Cependant, qu’une lampe ou un trait enflammé frappe une structure de bois, et cette dernière sera lentement rongée par les flammes, jusqu’à s’effondrer. Pendant ce temps, vous verrez alors une fumée de pixels se former par-dessus la zone incendiée. Que se passe-t-il maintenant si les flammes viennent à engendrer une explosion à côté d’un baril d’acide ? C’est alors l’effet papillon : le baril détruit, l’acide commence à s’échapper, rongeant et détruisant tout le décor sur son passage, sauf la pierre…
La construction tout en verticalité des niveaux prend alors tout son sens : l’effet boule de neige s’en trouve d’autant plus souvent décuplé, particulièrement en ce qui concerne la gestion des nombreux fluides (eau, acide, huile…). Je l’ai noté précédemment, la physique du jeu imprègne tous ses éléments, y compris les ennemis mais aussi notre propre personnage. Qu’il soit empoisonné, il suffit de se jeter dans l’eau ou bien de s’asperger d’une de ses fioles pour se purifier. En revanche, être trempé d’huile nous fait glisser et nous rend plus facilement inflammable. Alors qu’en nous baignant dans le sang des adversaires, nous bénéficions d’un effet ignifugé.
Le titre, doté d’une logique et d’un souci du détail rarement atteint en termes de construction organique dans un jeu en 2D se pare ainsi d’une capacité réelle à surprendre et fasciner, lors de la longue découverte de toutes ses facettes et des conséquences qui peuvent en découler. On apprend vite à se méfier des dommages collatéraux. Attendez donc de trouver votre première baguette électrique… Ici, nous sommes bien souvent notre pire ennemi : plus d’une fois le joueur se révélera responsable de sa propre mort.

Fort heureusement, la prise en main clavier-souris se veut très immédiate, les déplacements s’effectuant avec les touches du premier alors que l’on vise et tire avec la seconde. Par ailleurs, notre personnage est également naturellement doté d’un sort de lévitation, ce qui lui procure une très grande mobilité dans ce dédale de couloirs et vastes cavités. Ce qui ne sera pas de trop pour éviter aussi bien les nombreux tirs ennemis que vos propres attaques. En parlant d’ennemis, à la différence de ses confrères, Noita ne propose pas de combats de boss, du moins n’en ai-je vu aucun dans tous les niveaux que j’ai réussis à parcourir. À vrai dire, il n’en a clairement pas besoin, s’avérant déjà assez exigeant. D’autant plus que si les premiers niveaux sont relativement aisés, assez rapidement la difficulté ira crescendo, notre défaite pouvant rapidement avoir lieu lorsque l’on se retrouve entouré d’ennemis avec un mauvais équipement.

Pour autant, tout n’est pas parfait dans ce monde bien rodé. S’il est indéniable que le jeu procure un réel plaisir de la découverte de ses mécaniques, cela se fait de manière assez abrupte. Les liens entre les différents sorts et la façon de les combiner dans les baguettes ne sont par exemple jamais très clairement expliqués. Il est difficile de bien comprendre la manière dont doivent être agencés les sorts supports par rapport aux actifs pour bien activer leurs effets. Au fil de l’aventure, on trouve de nombreuses baguettes entièrement équipées, et il est alors possible de regarder leur comportement. Mais à l’usage, cela manque de clarté. Autre exemple : le jeu ne nous explique jamais que le seul moment où il est possible de modifier ses sorts est à la boutique inter-niveaux. On ne peut le déduire qu’à l’usage. Un ensemble de petits soucis d’interface et de design un peu frustrant.
Mais le plus grand souci actuel, en ce qui me concerne, est la très mauvaise optimisation du titre, rendant sa jouabilité rapidement compliquée. En se reposant sur un système où chaque pixel est géré séparément, le jeu fait appel à un moteur physique lourd, tout en s’appuyant constamment sur de très nombreux effets de particule. Pour pouvoir faire tourner tout cela correctement, il exige donc, malgré ses graphismes en pixel art, une configuration relativement musclée. Et à l’heure actuelle, les options graphiques ne permettent pas d’y changer grand-chose. Sur mon ordinateur portable vieillissant, le titre se met rapidement à ramer, dès que les ennemis et les effets commencent à être trop nombreux à l’écran. Si bien qu’au fur et à mesure de la progression, il me devient de plus en plus difficile d’y jouer dans de bonnes conditions. Difficile d’en cette situation de survivre. Heureusement, on peut rester optimiste sur ces deux sujets : le jeu est actuellement toujours en accès anticipé. Aussi peut-on espérer qu’au fil des mises à jour, des améliorations soient apportées en termes de confort de jeu, et d’optimisation. Affaire à suivre.


Finalement, que retenir actuellement de Noita ? Il s’agit indéniablement d’une expérience rogue-like plutôt unique, très innovante et fascinante. Le plaisir de jeu y est réel. Sa construction invite tout autant à être acteur que spectateur de son univers, et à se perdre dans le plaisir de la découverte et la contemplation de ses interactions. Cependant, il lui reste encore un peu de travail à faire pour pouvoir se rendre accessible au plus grand nombre. Mais si vous êtes curieux, et prêt à passer outre ses défauts actuels, je ne peux que vous inciter à vous y essayer.

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