On se fait une toile ? Liz et l’Oiseau bleu

Malgré le succès retentissant des mangas et des animes en France depuis maintenant plusieurs décennies, il est finalement encore assez rare que des films d’animation nippons non liés à des licences majeures soient distribués dans les salles du pays. Pire encore, quand tel est le cas, le nombre de salles projetant les rares privilégiés reste réduit, de sorte que ces sorties demeurent toujours assez confidentielles. Aussi, depuis quelques années lorsqu’un nouveau film parvient jusqu’à nous, j’ai le plus souvent tendance à aller le voir, puisque j’ai la chance d’être à Paris, où l’on en trouve toujours quelques copies. Avec l’espoir que leur nombre réussira petit à petit à augmenter, et touchera un plus large public, au-delà des sacro-saints Ghibli.

Aujourd’hui, je ne vais donc pas vous parler des rouleaux compresseurs de la pop culture que sont Avengers: Endgame et la saison finale de Game of Throne. Nous sommes ici pour Liz et l’Oiseau bleu, le nouveau film de la réalisatrice Naoko Yamada, dont j’avais beaucoup apprécié la précédente œuvre, A silent voice, sortie il y a quelques mois dans l’hexagone, et à laquelle j’avais précédemment accordé un article. Je ne savais pas grand chose du dernier en date avant d’aller le voir : découvert un peu par hasard par une publicité sur les réseaux sociaux, tout juste savais-je qu’il y était question d’amitiés féminines sur fond de thématique musicale. Par ailleurs, les critiques semblaient plutôt élogieuses. Vous l’aurez peut-être déduit, cette fois-ci, le film aura été une petit déception pour moi. Reste à tâcher d’expliquer pourquoi.

Voyons un peu ce qu’il nous raconte : Mizore, une lycéenne dans sa dernière année au caractère très effacé voue une admiration sans borne et exclusive envers son amie Nozomi, particulièrement extravertie et populaire. Les deux jeunes filles jouent dans l’orchestre de leur club de musique, respectivement du hautbois et de la flûte traversière, et seront amenées à partager un duo qui constitue le point d’orgue de la pièce musicale tirée d’un conte pour enfant intitulé Liz et l’Oiseau bleu. Celui-ci raconte l’amitié entre une jeune fille au grand cœur mais solitaire et un oiseau touché par sa situation. Nous allons donc suivre la relation entre les deux lycéennes mise en parallèle avec le conte. Et c’est à peu près tout.

Pour différentes raisons, je n’ai jamais été embarqué émotionnellement dans l’histoire que Naoko Yamada et sa scénariste Reiko Yoshida ont voulu nous partager. Les choix de mise en scène m’ont paru souvent maladroits. En premier lieu, le film ne cherche jamais à nous présenter la vie familiale ou le passé de ses personnages en dehors de leurs interactions au sein du lycée. Ce qui a tendance à me les rendre sans réelle consistance.
À côté de cela, il passe son temps à se sentir le devoir d’expliciter le parallèle qu’il fait entre ses héroïnes et les personnages de son conte. Plutôt que de laisser le spectateur comprendre de lui-même les tenants et aboutissants de sa métaphore, ce qui aurait été bien plus puissant à mon sens sur le plan émotionnel et narratif.

Je vois parfaitement où le film veut aller, je comprends toutes ses intentions, son discours autour du passage à un âge où notre perception des relations change. Mais la sauce ne réussit pas à prendre sur moi. Je ne parviens pas à m’attacher à l’héroïne principale et à son caractère, elle dont je ne sais rien de ce qui l’a menée à être la personne qu’elle est au début de l’histoire.
Autour des 2 héroïnes gravitent quelques personnages secondaires, d’autres lycéennes, là encore à peine brossées. J’aurais aimé en savoir plus sur elles, qui me paraissaient plus attachantes que les rôles principaux.
Pour ne rien arranger, le rythme global s’avère très lent tout du long : il ne se passe pas grand chose dans Liz et l’Oiseau bleu. D’autres films d’animation s’attachent eux aussi à narrer l’évolution de la psychologie de leur protagoniste, en appuyant leur développement par différentes péripéties comme autant d’étapes successives. C’est un peu ce que j’aime trouver dans un film d’animation, quelques scènes susceptibles de marquer mon imagination, en s’appuyant sur toute la liberté offerte par leur support.

Sur un plan purement artistique, je retiens tout de même 2 bonnes idées : l’omniprésence du bleu dans les couleurs des scènes du monde réel, ainsi que le choix d’une peinture très naïve, proche des livres pour enfant, pour les passages se déroulant dans le conte. En revanche, la réalisation artistique ne m’a jamais paru flamboyante, bien que l’attention accordé aux instruments soit louable.

En regardant les choses avec objectivité, je dirais que je ne suis pas le public cible de l’œuvre , qui saura probablement mieux faire écho auprès d’un public féminin, plus facilement susceptible de s’identifier aux personnages. Dans l’absolu, puis-je recommander de voir le film ? Au cas où vous n’êtes pas dérangé(e) par un rythme très lent, et l’absence de scènes vraiment marquantes, pourquoi pas. Pour les autres, j’émets de très grandes réserves.

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