Alphonse Mucha : l’expo art nouveau, mais pas que

À chaque rentrée, l’histoire se répète invariablement : de nouvelles expositions sont présentées dans les musées parisiens, et certaines vont monopoliser l’attention, bénéficiant d’un battement médiatique conséquent. Cette année, parmi celles-ci, le musée du Luxembourg nous propose de découvrir l’œuvre de l’artiste tchèque Alfphonse Mucha (1860 – 1939), principalement connu en France pour ses affiches art nouveau.

Grand amateur de ce courant artistique, impossible pour moi de faire l’impasse sur celle-ci, que j’ai donc enfin pu voir. Ce fut par ailleurs également l’occasion de me rendre dans le musée du Luxembourg pour la première fois. Ce qui permet de confronter l’idée que l’on se fait à la réalité : constitué de 6 salles de taille raisonnable, l’expo était moins grande que ce à quoi je m’étais attendu.

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Ceci étant dit, était-elle pour autant décevante ? Rassurez-vous tout de suite : non. Comme je l’ai indiqué plus haut, Mucha (de son vrai prénom Alfons) était avant tout connu dans l’hexagone pour son travaille d’affichiste. En effet, né à Ivančice (qui faisait alors partie de l’Empire austro-hongrois) et après des études en art à Munich, il arrive à Paris, alors capitale européenne des arts, en 1887. Il y sera rapidement contraint de travailler comme illustrateur.
Il connaîtra soudain une immédiate notoriété en 1895 de grâce à son affiche pour Sarah Bernhardt dans le rôle-titre de Gismonda au théâtre de la Renaissance. Son style si nouveau frappe tellement la tragédienne que l’affiche envahira les rues de la ville, et Bernhardt deviendra immédiatement une amie et un soutien garantissant la renommée de l’artiste.

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Ce sont ces images de femmes aux interminables drapés entourées de fleurs et de longues lignes courbes et formes d’inspirations diverses (celtiques, orientales, japonaises) qui feront la renommées de leur créateur, et l’inscriront durablement dans l’inconscient collectif comme l’une des figures de proue de l’art nouveau qui décolle à la même période. Les deux premières salles de l’exposition sont dédiées à cette part la plus connue du travail de l’artiste, permettant de découvrir de superbes affiches et publicités, mais aussi d’apprendre que Mucha était même devenu un modèle pour les étudiants des Beaux-Arts.

Il faut préciser que dans les années 1890, l’affiche connaît un essor sans précédent dans le paysage artistico-culturel du pays, notamment grâce aux progrès de la lithographie en couleur. La publicité commence alors à prendre véritablement son essor grâce à ce support.

Puis, à partir de la troisième salle, on commence à comprendre que Mucha était bien plus qu’un simple affichiste : il s’avérait aussi un décorateur couru. Ainsi décora-t-il intégralement la boutique du bijoutier Fouquet, pour qui il réalisa par ailleurs une collection complète dans le plus pur style art déco. Cette boutique fut un tel modèle du genre qu’elle fait aujourd’hui partie intégrante de la collection du Musée Carnavalet.
Mais un point charnière de sa vie fut l’Exposition universelle de 1900, où il fut en charge de la décoration du pavillon de Bosnie-Herzégovine, qui était alors annexée à l’Autriche-Hongrie.

Ardemment en faveur d’une nation tchèque indépendante et d’une unité entre tous les peuples slaves face à l’oppression, cette expérience le mettant face à ses propres convictions lui inspirera le grand projet de sa vie : l’Épopée slave. De retour dans le pays qui l’a vu naître, il le mettra en œuvre de 1911 à 1928. Soit vingt tableaux magistraux d’inspiration symboliste et nationaliste, racontant l’histoire tchèque d’un côté et plus largement des autres nations slaves de l’autre, à travers 20 épisodes se déroulant du IIIe à son époque. Celles-ci, bien que non présentes dans l’exposition, sont largement mises en avant dans l’une des salles, que ce soit à travers une projection vidéo ou bien différents tableaux préparatoires.

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De plus, l’exposition s’attarde également sur la personnalité mystique et philosophique de l’homme. Celui-ci avait d’ailleurs intégré dès 1898 le Grand Orient de France, la plus ancienne obédience maçonnique du pays. Mucha était un homme persuadé que l’art pouvait porter l’humanité vers son meilleur, et un fervent militant de la paix, notamment à la fin de sa vie, en parallèle de la montée du nazisme. En sus des œuvres publicitaires et patriotiques, nous pouvons ainsi découvrir des pastels symbolistes ou bien les travaux préparatoires pour des vitraux de la Cathédrale Saint Guy de Prague.

Que retenir de cette exposition ? Il est certain que toute la création art nouveau de Mucha reste ce qui attire et retient le plus l’attention du visiteur (il suffit de regarder les produits proposés dans la boutique à la fin de la visite pour s’en convaincre). Je ne vais pas m’en cacher : il s’agit bien de ce qui m’a le plus accroché. Pour autant, découvrir l’œuvre protéiforme de l’artiste vaut le coup d’œil, afin de mieux comprendre l’homme. La visite n’en demeure pas moins un peu courte : une grosse heure suffit à en faire le tour en prenant son temps. Vous savez maintenant à quoi vous attendre !

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