Encore une fois, cela fait bien longtemps que je ne vous avais rien publié par ici ! Pourtant, ce n’étaient pas les idées d’articles qui m’avaient manqué. Combien de jeux, de films, de sorties ou de voyages m’ont occupé depuis deux ans ! J’ignore si ce blog reprendra un jour un meilleur rythme de publication, l’avenir seul le sait. Pour le moment, occupons-nous d’ores et déjà de cet article.

Aujourd’hui, je prends donc la plume pour vous parler d’un jeu vidéo indépendant aux genres hybrides qui m’a bien occupé depuis sa sortie récente : Cult of the Lamb. Conçu par le studio Massive Monster, sa sortie a été assurée par Devolver Digital, coutumier de soutenir des expériences vidéoludiques originales et assez violentes. À sa manière, l’œuvre qui nous intéresse ici ne déroge pas à la règle, car derrière ses animaux mignons tout droit issus d’un livre pour enfant, se cachent un univers et un gameplay bien plus obscurs. Le titre adore pratiquer le mélange des genres, aussi bien sur le fond que sur la forme.
Reprenons depuis le début. Vous incarnerez ici l’Agneau. Sur le point d’être sacrifié par les adeptes de la Vieille croyance, selon la volonté des Prélats, leurs sombres dieux, notre avatar sera sauvé in extremis par un puissant démon banni de ce monde depuis fort longtemps. Celui-ci dotera alors l’Agneau de sa couronne, faisant de lui le détenteur de ses pouvoirs, tout en lui procurant l’immortalité. Votre nouvel objectif est alors double : faire prospérer votre culte, tout en éliminant les quatre Prélats, afin de libérer votre nouveau maître. Le jeu vous demandera désormais d’alterner entre deux phases de gameplay, étroitement liées. Impossible de progresser dans l’aventure en négligeant l’une des deux, comme nous allons le voir.

La première partie du jeu consiste en des phases d’action type dungeon crawling rogue-lite, à mi-chemin entre un The Binding of Isaac plus porté sur les combats au corps à corps et des déplacements entre les différentes étapes d’un donjon selon le modèle de choix de route popularisé par Slay the Spire (dont je vous parlais dans cet article). La prise en main de l’Agneau se fait instantanément, avec seulement une attaque de base au corps à corps, une compétence (généralement à distance) et une esquive utilisable à tout moment. Force sera toutefois de constater que, bien que les combats soient agréables – quoiqu’un peu limités en termes de possibilités, malgré l’existence de plusieurs armes et compétences –, ceux-ci s’avèrent parfois assez brouillons. La faute, notamment, à une profusion de décor en premier plan, ainsi qu’à la difficulté à occasionnellement suivre tout ce qui se passe à l’écran, dans certaines salles dotées d’un nombre d’ennemis plus élevé que de coutume. Rien de réellement bloquant pour progresser dans le jeu cependant, fort heureusement.
Je me dois toutefois de vous préciser que je joue au jeu sur la version PS4 lite, et qu’à l’heure où je rédige ces lignes, celle-ci connaît malheureusement quelques ralentissements, sur les sessions un peu longues et dans les passages les plus chargés, ce qui pourra légèrement dégrader l’expérience de jeu. Si vous en avez la possibilité, je vous conseillerai d’opter pour une plate-forme plus puissante.

Cette précision étant apportée, parlons maintenant de la deuxième partie du titre : la gestion de votre nouveau culte (tendance satanique). En parcourant les donjons afin de faire tomber les adeptes de la Vieille croyance, vous pourrez récupérer différentes ressources, ainsi que des animaux adorables, qui rejoindront les rangs de vos fidèles, dans le but de développer votre camp. Il faudra alors vous assurer de répondre aux besoins de vos ouailles, matérialisés par trois jauges à surveiller constamment : la faim, l’hygiène et évidemment, culte oblige, la foi. Pour cela, vous pourrez édifier de nouveaux bâtiments, aux effets divers, et exploiter au maximum vos servit… compagnons, que ce soit pour cultiver des plantations, collecter ou raffiner des ressources, ou bien sûr, prier en votre honneur, ce qui vous permettra de débloquer de nouvelles améliorations de camp et vous développer toujours plus. Gardez-vous bien, quoi qu’il en soit, de négliger les besoins de vos adorateurs, l’issue pourrait être périlleuse. N’oubliez pas non plus le passage par l’église, pour déclamer des sermons ou réaliser des rituels, afin de consolider la croyance de vos ouailles et gagner toujours plus en puissance, ce qui vous permettra de progresser dans les donjons et… développer encore plus votre culte.

Car la grande force de Cult of the Lamb réside bien là : voir à quel point tous les éléments de jeu sont intriqués de manière organique, si ce n’est quelques quêtes secondaires un peu plus annexes. Quel plaisir de constater à quel point les développeurs ont su pousser leur concept initial. L’exemple le plus probant ? Phases d’action et de gestion sont étroitement liées. Pendant que vous combattez dans les donjons, le temps s’écoule toujours dans votre camp. Les jours passent, les cultures poussent, vos fidèles récoltent bois et pierre… alors que la faim les tenaille et leur foi vacille de plus en plus, à l’occasion de votre absence. Gardez-vous bien de rester loin d’eux trop longtemps, la mort pourrait bien finir par frapper, en cas de trop grande négligence… Heureusement, le jeu vous alerte en cas de catastrophe imminente.
L’un des plaisirs du jeu vient indéniablement de la découverte de toutes ces petites mécaniques pensées par les créateurs, tournant autour du concept de secte démoniaque. Je ne rentrerai pas plus dans les détails afin de conserver intact le plaisir de ces découvertes. Une chose reste sûre : peu de jeux sont parvenus à concilier aussi naturellement deux phases de gameplay si éloignées. Pour ne rien gâcher, le titre se pare d’un design et d’une ambiance mêlant mignonnerie et glauque qui sait faire mouche, grâce à ses graphismes rappelant des univers enfantins, mais souvent dévoyés au cœur des donjons ou dans les plus noirs de vos rituels. En plus de s’appuyer sur les inspirations rogue-like précédemment évoquées, on retrouve un peu d’Animal Crossing, de Don’t Starve ou de The Sims dans le jeu, qui parvient à mêler le tout à sauce pour composer une recette assez unique. Si celle-ci n’est pas parfaite, elle s’avère indéniablement originale, prenante et surprenante, et saura vous occuper entre quinze et vingt heures de jeu avant de voir le bout de l’aventure en difficulté normale. Pour ma part, il s’agit d’une des meilleures surprises de l’année !
