Paper Mario the Origami King : une aventure pliante

Il y a un peu plus d’un an, je m’étais procuré la Nintendo Switch, afin de m’adonner aux joies de Super Smash Bros Ultimate, dernier opus de ma série de jeux vidéo de baston favorite. J’avais un peu délaissé Nintendo ces dernières années, au profit des consoles Microsoft et Sony. Oh, j’avais bien eu toutes leurs consoles de salon, y compris la Wii U (et plusieurs des titres alors exclusifs sur cette dernière, désormais quasiment tous pillés par sa petite sœur). Mais, suite à la Wii et à la mode du motion gaming qui ne m’avait guère passionné, je prenais plus de plaisir sur des maniabilités classiques, et des aventures solo bien scénarisées et mises en scène, plus présentes chez les concurrents. Pourtant, je dois bien avouer que depuis que j’ai acquis la console, j’y ai passé plusieurs centaines d’heures, à ma propre surprise. Si Animal Crossing New Horizon y a largement contribué, cela n’explique pas tout. En revanche, beaucoup de personnes dans mon entourage possèdent aussi une Switch, ce qui m’a permis de jouer un peu en ligne, mais aussi énormément en mode canapé, ce que j’ai pu faire bien moins souvent ces dernières années avec les autres consoles. Il me faut à ce niveau remercier la compatibilité avec les manettes Game Cube via l’accessoire dédié, ce qui me permet de disposer de manettes supplémentaires compatibles sur un suffisamment grand nombre de jeux dans ma collection.

Je souhaitais parler de cette agréable surprise qu’a été mon rapport à la Switch, malgré des défauts évidents, notamment le prix prohibitif des jeux édités par Nintendo, ou bien des titres tiers peu adaptés à une jouabilité sur l’écran portable, avant d’aborder le titre qui nous intéresse ce jour, car il ne me semblait pas pertinent de faire un article entier simplement sur ces réflexions. Ceci étant fait, venons-en au fait.

Parmi les nombreuses licences que j’apprécie chez Big N, la série des Paper Mario occupe une place un peu particulière. Pour rappel, il s’agit d’une saga spin off des jeux Mario dans un univers où les personnages et les décors sont faits de papier. Il n’y était originellement pas tant question de jeux de plate-forme que de RPG au tour par tour dans un univers loufoque et bon enfant. Du moins, initialement. Il se trouve donc que les deux premiers opus, Paper Mario 64 et Paper Mario : la Porte Millénaire occupent une grande place dans mon cœur de joueur. En particulier ce deuxième jeu, que je considère parmi les meilleurs RPG japonais auxquels j’ai eu l’occasion de jouer : système de combat, personnages secondaires, humour, tout y était très réussi, peu de titres étant parvenus à me faire rire autant.
Malheureusement, par la suite les choses se sont compliquées : Super Paper Mario, sorti sur Wii, oubliait ses combats au tour par tour et ses personnages attachants pour tout miser sur un système de basculement 2D/3D qui ne m’a guère emballé. Puis, dans les opus suivants, si le tour par tour avait fait son retour, celui-ci était largement simplifié, en sacrifiant la présence de PNJ dans les combats au profit d’un système de stickers à utiliser, un peu lourdingue. J’avais toujours de l’attachement pour la série, mais celui-ci était écorné par ces titres plus récents. Je m’étais bien adonné à Paper Mario: Color Splash sur Wii U. Toutefois, je n’avais pas terminé celui-ci, démoralisé par son système de combat beaucoup trop frustrant face aux boss avancés. Puis, ce printemps, Nintendo a annoncé quelques semaines seulement avant sa sortie, l’arrivée de The Origami King, à travers une bande-annonce très alléchante. Mon intérêt était revenu, si bien que j’ai pris le titre dès sa sortie.

Finalement, après une trentaine d’heures de jeux, j’ai enfin vu le bout de cette nouvelle aventure. Et vous allez le voir, il y a d’intéressantes choses à dire à son sujet. Vous l’aurez compris en lisant l’historique de la saga, Paper Mario change souvent de forme au fil de ses itérations, s’éloignant plus ou moins de son matériel d’origine, pour expérimenter en s’appuyant sur son univers de papier. Basculement 2D/3D, utilisation de stickers, de la peinture, et désormais donc, des origamis. Fort heureusement, cette fois-ci, l’équipe d’Intelligent Systems a décidé de se pencher sur la mise en scène, et cela joue grandement dans le plaisir de jeu. Que ce soit le soin accordé aux cinématiques, ou alors l’attention portée à l’acolyte accompagnant Mario tout au long de l’aventure. Ici, nous rencontrons rapidement Olivia, la sœur d’Olly, le roi origami antagoniste principal du titre. Celle-ci ne se contente pas d’accompagner Mario à travers le titre, elle occupe une place importante dans la jouabilité-même comme dans l’histoire, puisqu’elle possèdera rapidement la capacité de changer de formes, afin de progresser dans le monde général mais aussi d’affronter les plus grandes menaces du jeu.

L’occasion est toute trouvée pour aborder le système de combat. Autant le dire tout de suite : il s’agit sans aucun doute du principal point faible du jeu, tant celui-ci s’avère vite redondant. En effet, l’aspect combat en lui-même est réduit à sa partie la plus congrue, Mario ne pouvant effectuer que deux types d’attaque :

  • le marteau, pour frapper un groupe de 4 ennemis face à lui ;
  • le saut, pour s’attaquer à 4 ennemis à la file indienne.

Il y a bien quelques objets supplémentaires type fleur de feu ou bloc POW, mais ceux-ci sont très accessoires.

Là où les combats essaient de se démarquer, c’est par l’utilisation d’une roue divisée en cases sur lesquels sont positionnés les ennemis. Le joueur dispose alors de 2 à 3 pivotements des arceaux de la roue ou bien basculements de ses rayons afin d’aligner les ennemis pour profiter d’un bonus, avec un temps de réflexion limité. Ceci aide grandement à écourter les combats, en éliminant idéalement les adversaires avant même que ceux-ci ne puissent agir. Le grand souci de ce principe de roue, c’est que s’il est amusant à découvrir les premières heures, il devient très vite lassant au bout d’un petit moment, d’autant plus qu’au fur et à mesure de la progression, ces énigmes de placement se font de plus en plus complexes. Heureusement, Intelligent Systems propose aux joueurs de nombreuses options afin de se simplifier la tâche, non obligatoires, mais toujours disponibles, et ce dans la plupart des aspects du jeu. Ainsi, plus le joueur libère de Toads origamisés ou malmenés, plus ceux-ci seront présents dans le public lors des combats, et pourront donner un coup de main au joueur moyennant finance, que ce soit en soignant Mario, ou bien en résolvant le placement de la roue, pour peu que la récompense pécuniaire soit suffisamment élevée. Je dois l’avouer : en fin de jeu, j’avais largement tendance à me reposer sur cette facilité, tant j’avais d’argent, et peu envie de perdre du temps sur cet aspect du titre.

Heureusement, ces confrontations contre les sous-fifres du roi ne sont pas les seules que l’on croise dans le titre. Il y aura également tout un lot de boss à affronter. Si l’on retrouve alors toujours ce système de roue, celui-ci prend une forme différente : cette fois-ci, ce n’est plus Mario qui se trouve au centre, et les ennemis alentours. Notre moustachu est renvoyé aux abords de la roue, pendant que le boss l’attend en son centre. Un nouveau casse-tête se fait alors : il faudra déplacer les cases afin d’aligner des flèches directionnelles ainsi que les différents types d’action pour s’attaquer à l’ennemi. Ici, chaque adversaire devra être envisagé et affronté différemment, puisque leurs attaques auront un impact direct sur le terrain de jeu, et que leurs faiblesses ne seront pas toujours identiques. On retrouve alors toute l’inventivité des créateurs, qui nous font affronter des boss pour le moins déroutant, mais toujours parfaitement logique dans l’univers du jeu. Ces affrontements se révèlent donc bien plus plaisants.

Pour autant, il faut le dire : l’aspect RPG des origines est ici réduite à sa plus simple expression : s’il y a toujours des combats au tour par tour avec ce système de QTE propre à la série à utiliser lors des attaques et défenses, les rares PNJ accompagnant Mario attaquent automatiquement, aucune montée de niveau avec acquisition de nouvelles compétences et répartitions de points de statistique n’existe, et nous l’avons vu : les possibilités d’attaque sont réduites à leur plus simple expression. C’est que The Origami King n’est pas tant un RPG qu’une aventure à découvrir pour peu que l’on accepte ce changement. Le titre s’avère très linéaire, jamais le joueur n’aura le choix entre plusieurs objectifs à mener en parallèle, et les quêtes annexes sont quasiment inexistantes (si ce n’est récupérer des éléments cachés afin de compléter les salles du musée de Toadville). En contrepartie, il renouvelle constamment ses situations et sa jouabilité, en invitant le joueur à effectuer certains combats en temps réel, résoudre différents types d’énigme, faire appel à ses réflexes, naviguer sur l’océan, plonger en sous-marin, etc. Les quelques incursions qu’il propose dans le motion gaming s’avèrent même plutôt agréables pad en main. Ah, le plaisir simple d’écraser littéralement un boss à coups de poings/manette pour l’achever !

C’est exactement comme cela qu’il faut vivre The Origami King : une aventure simple, fraîche, très agréable, qui surprend souvent le joueur. Ici, vous l’avez compris, la difficulté n’est guère de mise. Ce n’est pas grave : un titre doit-il toujours proposer un challenge relevé pour être agréable à parcourir ? Certes non, le jeu trouve ses qualités ailleurs. Dans sa mise en scène d’une grande inventivité, mettant largement les magnifiques décors en valeur. Ceux-ci sont souvent dotés d’une réelle ampleur, ce que ces prédécesseurs avaient oublié. Mention spéciale également aux dialogues qui savent faire mouche. Le titre se souvient parfaitement de ses origines : un univers meta, où les textes savent en quelques lignes nous arracher a minima un sourire, si ce n’est plus. The Origami King est drôle, car ses dialogues sont bien écrits. Bien sûr, son univers reste enfantin, mais il sait être réellement amusant, même pour des adultes. Principalement grâce à Olivia, dont la fraîcheur et la pureté joue pour beaucoup dans cette ambiance. Le titre réussit même là où je ne l’attendais pas du tout : offrir quelques petits moments d’émotion étonnamment efficaces. Bien sûr, cela peut jurer un peu avec l’atmosphère générale, mais par contraste, je pense que cela contribue au contraire à les valoriser.

À l’heure du bilan, que doit-on retenir ? Paper Mario: the Origami King ne deviendra pas un chef-d’œuvre au panthéon vidéoludique de Nintendo, tenons-nous le pour dit. Mais il n’est pas un mauvais titre pour autant, bien au contraire. J’y ai vécu une aventure très plaisante, sans grosse anicroche grâce à sa difficulté qui permet une progression aisée, pour mieux se concentrer sur ses situations sans cesse renouvelées. J’y progressais en me demandant ce que le titre allait encore pouvoir inventer. Il ne lui manque pas grand-chose pour faire partie des très grands : des combats plus profonds, un peu plus d’ambition générale. Il n’en reste pas moins certain que j’ai été ravi de le parcourir. Je ne peux que vivement le recommander à tous ceux souhaitant retrouver l’univers Paper Mario pendant une trentaine d’heures, en ayant pleinement conscience que sa force ne réside ni dans ses combats courants, ni dans son aspect RPG. Ce n’est pas grave, tentez tout de même l’aventure, vous devriez y passer un bon moment vous aussi.

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