Musée Jacquemart-André : jardin d’hiver vénitien

Pendant les 2 mois de confinement que nous avons connus il y a peu, parmi les choses qui me manquaient terriblement, l’accès à l’art a pris une place toute étonnante. Ne pouvant sortir voir de nouvelles œuvres ou déambuler dans mes lieux favoris, je me suis surpris plusieurs fois à regarder des vidéos présentant des mouvements artistiques ou des artistes. En parallèle des vidéos de destinations lointaines, puisqu’il n’était bien entendu pas possible de voyager. En tout cas, j’avais réellement ressenti ce manque de lieux culturels. Et je m’étais promis, une fois les musées rouverts, d’en voir de nombreux.

Savez-vous combien de musées comporte la capitale ? Le chiffre exact diffère selon les sources, mais on peut grosso modo dire que leur nombre tourne autour des 200, ce qui n’est pas rien ! Il y a bien sûr les plus célèbres, le Louvre, Orsay ou encore le centre Pompidou. À leur côté, nombre d’autres existent donc, dont plusieurs dédiés à l’art. Avez-vous déjà visité par exemple le musée Marmottan Monet dans le 15e arrondissement, ou bien Maillol, dans le 7e ? Je pourrais en citer longtemps ainsi. Aujourd’hui, j’ai décidé de vous parler du musée Jacquemart-André, situé dans le 8e, non loin du parc Monceau et de l’église Saint Augustin. Soit le dernier que j’ai pu découvrir, il y a quelques jours.

Le lieu présente les collections privées rassemblées par le couple Nélie Jacquemart et Édouard André, dans leur hôtel particulier construit au début des années 1870. Héritier d’une riche famille du Second Empire, et après avoir été dans la garde personnelle de Napélon III, Édouard choisit le faste de la vie parisienne, et de se dédier à sa passion pour l’art. Il épouse Nélie, une artiste peintre rencontrée lorsqu’il lui commanda son portrait. Ensemble, ils réuniront une impressionnante collection d’art constituées d’œuvres aussi bien françaises, anglaises ou hollandaises. Sans oublier de nombreuses peintures de la Renaissance italienne, dont Mme Jacquemart était une grande admiratrice. Ainsi peut-on trouver dans les collections permanentes des noms aussi célèbres que Van Dyck, Rembrandt, Uccello, Fragonard ou bien Botticelli. En ce qui me concerne, j’ai eu le ravissement de voir le Saint Georges et le dragon du peintre florentin Uccello, un tableau qui, accoté de son petit frère présent à la National Gallery de Londres a marqué mon enfance dans les beaux-livres de mes grands-parents, tout comme les peintures de Bosch ou Arcimboldo.

Plus encore que les nombreux maîtres présents, comment ne pas être impressionné par le bâtiment en lui-même ? Quel formidable écrin que la création de l’architecte Henri Parent ! Après avoir grimpé la passerelle donnant accès à la charmante cour intérieure, avec sa façade d’inspiration classique et ses statues de lion, on pénètre l’hôtel particulier. Nous voici très vite dans le grand salon, cette vaste salle si lumineuse et aux superbes tapisseries. Je ne vais pas ici vous décrire toutes les pièces. Mais comment ne pas mentionner la galerie des musiciens ouverte sur le salon de musique situé en dessous ? M. André souhaitait une demeure dédiée au spectacle et à la fête, et cela se ressent lors de la visite. Puis l’on découvre à la fois le somptueux jardin d’hiver et ce formidable escalier à double révolution. Impossible de rester indifférent. Alors grimpe-t-on ce dernier, pour être accueilli une fois à l’étage par une imposante fresque d’un peintre italien du XVIIIe siècle : Giambattista Tiepolo. L’ensemble du décor nous transporte alors, à notre plus grande surprise, en plein carnaval de Venise. Cela n’a rien d’étonnant, lorsque l’on se souvient de l’amour que Mme Jacquemart portait à l’art italien. D’ailleurs, c’est un peu plus loin que l’on trouvera les salles dédiées à ce dernier. L’ambiance change une nouvelle fois, et nous voilà entouré d’une architecture à mi-chemin entre moyen-âge et Renaissance. On pourrait presque croire avoir changé de lieu.

Le musée ne dispose pas que de sa collection permanente. Jusqu’en janvier 2021, il présente l’exposition Turner, peintures et aquarelles. Celle-ci présente de nombreuses œuvres de William Turner (1789 – 1862), maître anglais de la peinture paysagiste, inspiré notamment par Le Lorrain ou Poussin. Ses créations lui permettront de gagner le nom de « peintre de la lumière ». Si l’exposition ne montre pas les toiles les plus célèbres du peintre qui aura voyagé à travers l’Europe à la recherche de paysages à peindre, elle permet néanmoins de bien voir la maestria avec laquelle il pouvait créer des jeux de lumière, et ce, en quelques traits de couleur, comme si ce n’était jamais que suggéré. On s’amusera à voir des aquarelles de paysages italiens, français et évidemment anglais, dont certains forts connus. Une présentation chronologique de la vie et de l’œuvre de l’homme qui me rendent plus curieux de ce dernier, que je connaissais fort peu. C’est probablement la meilleure impression que peut nous laisser une exposition.

Avant d’enfin le découvrir, j’avais entendu beaucoup de bien de Jacquemart-André. Je crois que je comprends désormais pourquoi. Peut-être plus que les œuvres que le musée présente, son bâtiment possède tant de charme que je m’imagine déjà y retourner découvrir une prochaine exposition, et me retrouver de nouveau face à ce faste d’un temps révolu. J’ai envie de voir de nouveau cet escalier, et m’imaginer marcher sur la terrasse, regarder les gens déambuler sur le boulevard Haussmann… Alors attendez-moi, les lions de pierre. Je reviendrai vous voir.

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