Second Chance : jeu me détend

La langue française a une façon assez unique d’appeler ce loisir que j’apprécie tout particulièrement, elle parle de « jeux de société ». Terme qui véhicule l’idée que cette activité est intrinsèquement sociale et ne peux donc jamais être envisagée seul(e). Bien sûr, on peut être plus précis et parler de jeux de plateau ou de jeux de cartes, mais les deux peuvent être englobés sous cette catégorie précédemment nommée. La plupart des autres langues ne procèdent pas de la même manière. Ainsi en anglais, « board games » voire même « tabletop games » seront bien plus génériques. Pour autant, le jeu de société solo existe bel et bien. Et ce depuis longtemps déjà, ne serait-ce qu’à travers les nombreux jeux de logiques et autres casse-têtes. Sans même évoquer tous les jeux de carte de type Solitaire. Depuis quelques années également, de plus en plus de titres relevant d’une jouabilité plus « moderne » sont créés en proposant ne serait-ce qu’un mode solo, voire même, pour certains, sont entièrement conçus pour n’être utilisables qu’en solo. Citons ainsi Vendredi ou Le Défi de la Reine.

Il y a indéniablement un public pour ces jeux. Pour ma part, je pense pouvoir dire que j’ai définitivement été conditionné par l’appellation « jeux de société », puisque est ancrée en moi l’idée que ces jeux sont avant tout conçus pour être pratiqués à plusieurs. Ceci s’explique notamment par le fait que si je veux jouer seul, je me tourne spontanément vers le jeu vidéo, qui a toujours été présent dans ma vie et s’avère à mes yeux bien plus interactif et palpitant.

Avec pour la première fois en guest sur le blog, Pascal le cactus qui a raté sa photobomb !

Pour autant, aujourd’hui j’avais envie de vous présenter Second Chance, un petit titre conçu par le célèbre auteur allemand Uwe Rosenberg (créateur notamment d‘Agricola, référence du jeu expert, ou encore Patchwork, classique des jeux à 2) et paru chez Act In Games. Il est très intéressant de voir la raison pour laquelle j’apprécie sortir cette création afin d’y jouer seul. En effet, bien qu’il soit possible d’y jouer officiellement jusqu’à 6 sur la boîte (quoiqu’en vérité, il pourrait tout à fait être sortable à plus), je l’ai très majoritairement utilisé en solitaire.

Nous voilà en présence d’un jeu typiquement abstrait, qui vous invite à remplir une grille de 8 x 8 carrés au maximum. Pour cela, on peut trouver dans sa petite boîte différentes cartes, ainsi qu’un bloc de feuilles recto verso Grilles. Cependant, afin de pouvoir jouer, il vous manque un élément essentiel : au moins un crayon. J’espère que vous appréciez dessiner des motifs ou bien colorier des cases, car c’est ici tout le propos.

Les cartes, au format mini, se divisent en trois catégories :

  • les Formes de départ, toutes constituées de 8 carrées,
  • les Formes, de 1 à 7 carrées,
  • enfin 3 cartes Formes disponibles servant d’aide-mémoire.

La mise en place d’une partie se fera très simplement : chaque joueur se voit attribué au hasard une Forme de départ qu’il doit reproduire sur sa grille, de sorte que celle-ci se superpose à la case centrale de sa grille. Il est possible, et ce tout au long de la partie, de retourner ou pivoter la forme pour pouvoir la placer. Une fois fait, les tours s’enchaînent de la sorte : deux cartes de la pile Forme sont retournées. Comme mentionné plus haut, celles-ci sont constituées de 1 à 7 carrées, selon de nombreuses configurations possibles (toutes rappelées sur les cartes Formes disponibles). Chaque joueur doit alors choisir celle qu’il souhaite reproduire librement sur sa grille. Aux simples conditions que celle-ci n’en dépasse pas, ni ne se superpose à une forme déjà présente.

Tout cela est bel et bon, mais pourquoi donc ce titre énigmatique, Second Chance ? Quel rapport avec nos grilles ? J’y viens ! À force de remplir ces dernières, finira fatalement par arriver le moment où aucune des deux cartes tirées pour le tour ne permettra à un joueur d’adjoindre à sa feuille une de celles-ci, le menant logiquement à la fin de sa partie. Mais peut-être pas tout à fait, car il peut alors s’en remettre à sa Seconde Chance : il pioche une troisième forme qu’il sera la seule personne de la table à pouvoir exploiter. Si cette dernière entre dans la grille, le joueur est toujours en jeu. Si ce n’est pas le cas, sa partie s’arrête. Le premier éliminé a cependant le droit à un bonus : il peut marquer un des carrés disponibles par un 1, ce qui procure un double avantage : griser une case de plus, et lui permettre de remporter la victoire en cas d’égalité finale.

Le jeu prend fin de l’une des trois manières suivantes :

  • tous les participants sont éliminés,
  • toutes les cartes Forme ont été tirées,
  • un joueur a entièrement rempli sa grille.

Le gagnant sera alors le joueur qui aura le moins de case vide dans sa grille.

Sans aucun doute possible, le jeu propose des règles très simples, immédiatement accessibles à tous. Chacun remplit sa grille de son côté. D’ailleurs, cette jouabilité porte un nom : les flip & write, popularisés par le succès du français Welcome to your perfect home. Il s’agit d’une variante des roll & write, où les dés prennent la place des cartes : citons par exemple Très futé et de nombreux autres titres édités par Schmidt.

Dans la logique de ces catégories, Second Chance est un jeu où l’interaction autour de la table est quasiment inexistante. Chacun y jouera dans son coin, les choix personnels n’auront jamais la moindre influence sur le parcours des autres. Là où certains titres incitent à garder un œil sur le jeu des autres en proposant une course aux objectifs (Welcome to…), ce n’est quasiment pas le cas ici. Seule petite exception : le bonus offert au joueur qui sera éliminé en premier. Mais cela reste très anecdotique. Finalement, le seul intérêt à jouer à plusieurs, hormis de faire le meilleur score sera de comparer les grilles, voir à quoi ressemble l’œuvre de chacun.

Car c’est bien sur cet aspect que se situe, à mes yeux, le principal intérêt du titre. S’il reste un jeu aux règles simples, il est également une activité créative, sans pression aucune. Cela se perçoit manifestement dans l’esthétique de son matériel : quel lien entre le propos du jeu et le choix de représenter toutes ces plantes sur le dos des cartes, le contour des grilles ou bien la boîte ? Thématiquement, ludiquement, cela n’a aucun sens. En revanche, impossible de ne pas faire le rapprochement avec l’esthétique propre aux carnets de coloriages et de détentes pour adulte. C’est exactement la raison pour laquelle j’aime sortir de temps en temps la boîte pour colorier une grille. Évidemment, je ferai en sorte de tenir le plus longtemps possible avant de me retrouver bloqué, je reste un joueur. Mais mon principal plaisir reste celui de colorier tranquillement les cases, voir les motifs se combiner sur la feuille, et essayer de les ranger tranquillement. Un véritable moment de zen et de détente pour moi.
À vrai dire, je ne respecte généralement même pas les règles du mode solo, qui invitent à enchaîner 3 grilles de suite afin d’avoir un total final inférieur à 10 cases vides. D’une part car ce challenge est assez relevé, et d’autre part car je cherche simplement à passer un moment agréable et serein, avec ma feuille et mes crayons de couleur. Il y a quelque chose de l’enfance dans tout cela, et cela me fait un bien fou, moi qui adorais remplir les carnets de coloriage que je pouvais avoir. Vous savez, je suis quelqu’un d’assez stressé et impatient de nature, mais colorier a toujours été une activité très apaisante pour moi.

Alors très clairement, Second Chance ne s’adresse pas à tout le monde. Le jeu s’avère beaucoup trop simple, trop individuel pour convenir aux personnes en recherche de grosses sensations ludiques. En revanche, pour toutes celles et tous ceux qui, comme moi, ressentent le besoin d’une bulle de sérénité ludique, et prennent plaisir à colorer de simples carrés, il sera un excellent investissement ; d’autant que son prix est tout à fait abordable. Dans ce cas, faites-moi plaisir : jouez-y en couleur, c’est tellement plus joli !

2 réflexions sur « Second Chance : jeu me détend »

  1. Bonjour, je découvre ton blog et me retrouve complètement dans le ressenti par rapport au jeu « Second Chance ». Je l’apprécie en solo également et surtout avec les enfants car il permet un moment de détente sans affrontement direct, course aux points,… La victoire finale n’est pas l’objectif principal, on se retrouve pour passer un bon moment à colorier les cases en effet.

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