La semaine dernière, j’ai découvert grâce au site IndieMag spécialisé dans l’actualité du jeu vidéo indépendant la sortie sur Steam d’un petit jeu, ISLANDERS, présenté comme « a minimalist city builder ». Développé par Grizzly Games, une minuscule équipe constituée de 3 personnes, il a d’abord attiré mon attention grâce à ses graphismes en low poly plein de couleurs.
Alors de quoi s’agit-il ? Je pourrais résumer le jeu de la manière suivante : un puzzle-game arcade très zen. Quoi ? Nous ne sommes pas en présence d’un city builder (jeu de création de ville) classique ? Dans la forme, oui, mais pas dans le fond. En tout cas, pas de la façon dont les jeux de gestions nous avaient habitués jusque-là. Ce qui n’est en soi absolument pas un défaut. Celui-ci vous propose de construire des villes sur différentes îles toutes générées aléatoirement, l’une après l’autre. Si l’on commence tout d’abord sur une étendue réduite, au fur et à mesure de notre progression, les niveaux générés proposent un terrain de construction plus vaste.
Oubliez ce que vous connaissez avec des jeux tels que SimCity,
Cities Skyline ou encore Anno (tiens, le nouvel opus
vient par ailleurs de sortir). Ici, pas de budget à gérer, encore
moins de flux de circulation ni même de pollution, même pas de
barre de population. Lorsque vous le commencez, vous devez choisir
entre 2 catégories de construction. Une fois votre choix fait, vous
pouvez alors ajouter les éléments récupérés sur votre île. Pour
cela, il va falloir optimiser le placement en fonction du type de
terrain, ainsi que des éléments et autres constructions
alentour.
L’enjeu est tout simple : marquer le plus haut
score possible. Chaque nouvelle construction ajoutée va augmenter
votre barre de score, selon des conditions propres à chaque type.
Plus concrètement, elles bénéficient toute d’une sphère
d’influence plus ou moins élevée, qui va prendre en compte les
éléments déjà placés, faisant gagner plus ou moins de points,
selon les bâtiments présents dans leur aire d’influence. Ainsi
les bûcherons vous accorderont un score positif avec les arbres
présents dans leur sphère, ainsi que les scieries. Mais en
contrepartie, chaque autre bûcheron pris dans la sphère fera
également perdre des points, ce qui à terme peut amener à un total
négatif lors du placement du nouveau bâtiment.
Là où le jeu est très intelligent, c’est qu’en prévision d’un nouveau placement, il nous indique constamment combien de points il nous apportera (ou nous fera perdre donc), en fonction de son positionnement sur l’île. Ce qui permet de tester les différentes possibilités, sans aucune pression de temps. Pour pouvoir continuer à débloquer de nouveaux types de bâtiments, il suffit de marquer suffisamment de points jusqu’à atteindre le prochain palier. Un nouveau choix nous est proposé parmi 2, ce qui ajoute le(s) nouveau(x) élément(s) concerné(s), ainsi qu’un certain nombre de bâtiments précédemment obtenus. On ne peut jamais décider ce que le jeu nous fournira de nouveau, il va falloir apprendre à composer avec ce qu’il nous impose. Nous sommes donc bel et bien face à un puzzle game. Par la suite, une fois un certain nombre de paliers débloqués sur l’île en cours, nous avons alors la possibilité d’accéder à la suivante. Attention toutefois, une fois que vous décidez de partir pour la prochaine île, la précédente est perdue, et vous repartez totalement de zéro. Seul votre score est ainsi conservé d’île en île. C’est ici que l’aspect arcade apparaît : la finalité du jeu consiste à aller le plus loin pour effectuer le plus haut score possible avant d’être totalement bloqué sans possibilité de construction supplémentaire, soit qu’il ne reste plus aucun emplacement possible sur votre île, soit que vous n’ayez pas réussi à débloquer le palier ou l’île suivante après avoir placé votre dernier bâtiment.
Une fois le périple terminé, le jeu vous indique alors votre place dans le classement général, et vous invite à recommencer une nouvelle partie. D’ailleurs, on comprend rapidement que passer à la prochaine île dès que celle-ci devient accessible n’est pas la meilleure des solutions : il est bien plus intéressant d’aller jusqu’au bout du développement d’une île afin de récupérer le plus de points possibles avant de partir à la conquête de la suivante.

ISLANDERS est un jeu rapide à appréhender, puisqu’il
repose sur une unique mécanique, simple à comprendre et dont les
enjeux sont expliqués aussi bien par l’indicateur de gain du score
que la description de chaque bâtiment en infobulle, qui vous indique
clairement les interactions avec les autres. Pour autant, il ne
manque pas de subtilité, et réussi finalement assez bien à donner
l’impression de créer des villes, avec ses quartiers spécialisés :
les bâtiments d’habitation se regroupent pour maximiser les
points, complétés par des parcs et autres fontaines. Dans les zones
champêtres, les moulins et les champs vont croître, éventuellement
accompagnés de parcelles de houblon. La plèbe des simples
habitations sera heureuse d’accueillir un cirque à ses côtés,
alors qu’au contraire, les bourgeois détesteront leur proximité.
Mais ceux-ci seront en revanche ravis d’accueillir une bijouterie
proche d’eux, alors que la trop grande proximité de simples
habitations fe diminuera la valeur de cette dernière leur de sa
pose.
Au bout de quelques parties, on saisit alors rapidement
comment optimiser le positionnement de chaque pièce sur son île, en
prévision des futurs éléments à venir. Il faut dire que ces
derniers ont tendance à se débloquer selon un ordre assez
similaire, ce qui permet de mieux appréhender la suite, bien que
cela rende la succession d’îles plus répétitives. Heureusement,
leur génération aléatoire apporte un peu de renouveau :
certaines seront recouvertes de forêt, d’autres propices à une
exploitation industrielle de masse. Quand vous ne tomberez pas
carrément sur un ensemble d’atoll, ce qui semble alors être un
défi impossible pour la construction, de premier abord.
Mais encore une fois, ce serait manquer de confiance en le travail des développeurs : faites leur confiance, selon la configuration de l’île, les éléments proposés ne seront pas exactement les mêmes, et surtout n’arriveront pas toujours au même moment. De même, les passages aux paliers supérieurs afin de récupérer de nouveaux bâtiments sont finement calculés : là où on peut souvent avoir l’impression de se retrouver coincé rapidement lors de nos premières heures de jeu, il apparaît vite que les bâtiments et scores sont prévus de telle façon que si vous ne vous êtes pas trop mal débrouillé(e)s, tant que vous aurez de la place sur votre île, vous devriez pouvoir continuer à accéder au palier supérieur. Cependant, il est bien possible qu’une fois votre île bien développée, des bâtiments demandant une vaste zone vide pour être ajoutés, ou bien un coût négatif initial exhorbitant apparaissent…

Ne nous y trompons pas, je l’ai écrit dès mon introduction : ISLANDERS reste un petit jeu, et ne se prétend pas autre chose. Son contenu ne se renouvelle pas de manière gargantuesque et il reste fondamentalement un jeu de scoring. Vous finirez nécessairement par avoir l’impression d’en avoir fait le tour après quelques heures passées dessus. Mais il possède encore pour lui un argument imparable que j’avais gardé jusque là : son prix ! En effet, il ne coûte pas plus de 5 euros, une dépense dérisoire pour une production rondement menée par une équipe réduite. Un jeu reposant, parfait pour de petites sessions détentes, et doté d’un immense capital photogénique grâce à ses graphismes si chatoyants. À un tel prix, il serait vraiment dommage de passer à côté, pour peu que vous vous intéressiez à l’offre des jeux indépendants et aux expériences fraîches et originales.
